J'arrive dans le logement de la résidence séniors de Mme et Mr B pour l'aide au repas du soir. Je suis intervenue très régulièrement et souvent chez eux pendant 1 an 1/2 mais très rarement depuis novembre (il et elle ne sont plus sur "mon" secteur) Mme prend dorénavant son repas du soir dans sa chambre, au lit ; Mr dans leur salle à manger. Il est plus autonome. - Venez et restez près de moi s'il vous plaît. - Bien sûr Mme B. Je fais chauffer le repas de votre mari et vous rejoints. Je sers Mr puis apporte son repas à Mme. Elle a une petite mine. - Ca n'a pas l'air d'aller - Non, on a eu plein de soucis ces derniers temps. - Ah, de quel ordre? - Je ne sais plus, mais j'ai besoin de lui ; dites lui de venir avec nous! Je vais voir Mr et lui transmets la demande de son épouse. - Oui, je viendrai après. (Il fait "coucou" de la main à son épouse depuis sa place) - Votre mari va venir après son repas. Promis! - Elle l'appelle "G..., vient avec nous!" - Il entend mal Mme B, mais il a promis de venir toute à l'heure. - J'ai besoin de lui. - Vous l'aimez? - Oui - Vous lui dites? - Non, je ne sais pas dire ça. Elle se met à pleurer. Nous avons discuté sur ce qu'il est possible de dire, ce qui est difficile de dire et pourquoi. Sur les différentes manières de dire "je t'aime"... - Vous pourriez peut être le lui écrire? - Oh non, ce serait scolaire, ridicule. - Et poser votre main sur la sienne lorsqu'il viendra vous dire ''bonne nuit", ce serait possible ça? Lui prendre la main, la poser près de votre coeur? - Je sais pas. Je crois que je ne suis pas capable." Elle pleure à nouveau. Je l'embrasse à travers le masque. - Prenez le temps d'y réfléchir ; le temps qu'il vous faudra. Mon sentiment est que c'est maintenant qu'il faut oser lui dire. Peut être? - Vous lui dites vous à votre mari que vous l'aimez? - Oui. - Et lui, il vous le dit? - Oui. - Vous revenez quand ma belle? - Je ne sais pas Mme B. Là je vais faire la vaisselle et descendre votre poubelle. J'espère vous revoir prochainement. Nous nous sommes caressé nos visages. C'était doux, triste aussi. Mais doux, avant tout.
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